La Maria Chapdelaine des Bergeronnes

par Pierre Guay

Aux Bergeronnes fleurit, dans toute sa diversité de couleurs et de dessins, la nature saguenayenne. En arrière du village s'étagent des collines d'où des arbres de toutes les essences dégringolent jusqu'aux premières habitations. Nulle part, le long de la côte, les forêts ne sont plus vertes et les plaines plus dorées. 

Ne dirait-on pas le décor d’un roman ? Et bien c’en est un. Si Péribonka a sa Maria Chapdelaine, Les Bergeronnes ont leur Jeanne Thérien, fiancée éplorée abandonnée par l’ainé des Duval qui a quitté la terre paternelle pour la ville.

Sa mère lui écrit d’ailleurs ceci :

Un mot pour te dire que les récoltes ont été bonnes et que mon jardinage est venu comme une merveille; il n'y a que les patates qui ont presque manqué à cause des mouches rouges; mais le foin, le grain et les légumes sont de toute beauté. Tout cela nous réjouirait s'il n'y avait pas ton absence. 
 
Écrit, en 1918, quelques années à peine après Maria Chapdelaine, ce roman de mœurs exhorte les Canadiens français, cernés par les anglophones, à adopter l’agriculture comme vocation afin de sauvegarder leur identité. Rester à la campagne, c'est rester français et catholiques. Pour les besoins de la thèse, il faut placer le fils en demeure de choisir entre la terre ou la ville, de continuer le père ou de le détruire. Mais cette terre menacée possède la vertu d'accorder le bonheur à ceux qui la courtisent et lui voue une affection exclusive.

Ne nous inquiétons pas outre mesure pour Jeanne, bien que nous ne soyons pas dans la grande littérature. Pour se préparer à Noël, les vaillantes femmes d'habitants des Bergeronnes ont frotté, astiqué, épousseté et balayé. La veille de Noël, au moment où Jeanne, restée seule, achève son troisième chapelet, Paul revient et la terre, convoitée par des sinistres industriels qui voulaient y établir un moulin à bois, est sauvée.

Sources