Petite-Bergeronne, extrait de carnet d'arpentage
La rivière [du même nom] offre un hâvre de refuge assez facile aux embarcations d'un faible tirant d'eau, qui peuvent rencontrer son cours jusqu'au pont bâti par le gouvernement sur le chemin de Tadoussac aux Escoumains. L'entrée proprement dite de la rivière est bordée de hautes montagnes, bien boisées au sud-ouest et de rochers dépouillés de toute végétation au nord-est. Mais après avoir pénétré un demi-mille dans l'intérieur, la vallée s'étend peu à peu et forme bientôt un joli bassin que la nature s'est plu à abriter, de tous côtés, contre les grands vents si fréquents dans ces parages. Raoul Bouliane, comprenant l'importance du site et de la richesse du sol, a fondé son établissement au centre de cette vallée, et y cultive d'une manière avantageuse, cette ferme isolée, mais admirablement située. Le flux et reflux se font sentir près de trois milles dans la rivière, et la rendent navigable à cette distance, pour les moyennes embarcations.La rivière Petite-Bergeronne depuis le chemin verbalisé qui longe le côté nord |
Sur les premières chaînes du 5e mille, une chute de deux cents et quelques pieds de hauteur, presque perpendiculaire, a obligé le propriétaire du moulin d'y construire une seconde glissoire, pour la descente des billots ; une écluse de 150 pieds environ de largeur et d’une hauteur de 10 à 12 pieds, a fait disparaître tous les obstacles qui se rencontraient en refoulant l'eau jusqu'au lac des Sables.
Au poteau du 20e mille, source de la rivière Petite-Bergeronne, l'on aperçoit à deux milles environ de distance la chaîne de montagnes qui borde la rivière Sainte-Marguerite, et plus loin, à l'horizon, les hautes cimes qui bordent le Saguenay, à l'ouest. On trouve du pin et de l'épinette jusqu'à la source de la Petite-Bergeronne qui peut porter des billots sur tout son parcours, sans autres améliorations que celles déjà faites.
Grande-Bergeronne, extrait de carnet d'arpentage
Au commencement du premier mille, c'est-à-dire au pont du Gouvernement, sur le chemin de Tadoussac, la rivière des Grandes-Bergeronnes se divise en deux branches, celle du nord-ouest, ou rivière à Bas-de-Soie*, d'à peu près 12 milles de long, et la branche nord-est, celle que j'ai relevée, porte le nom de rivière à Beaulieu et est reconnue comme la principale branche de la Grande-Bergeronne. Le terrain arrosé par ces branches de rivière est presque tout propre au défrichement ; une bonne partie en est déjà en bon état de culture ; les habitants y vivent dans l'aisance, et le missionnaire qui visite ces fidèles en retire un secours étonnant.Un moulin à farine est, en opération près du pont plus haut mentionné, et la chapelle [Ste-Zoé] se trouve bâtie sur le coteau à l'est de la rivière. La marée se fait sentir jusqu'au moulin et permet aux légères embarcations de remonter la rivière jusqu'au pont.
Les grandes chutes de la rivière à Bas-de-Soie |
Les eaux de cette rivière sont pures. Dans le rang trois, au sud-ouest de la rivière à Bas-de-Soie, les lots du rang sud-ouest sont généralement beaux, bien qu'ils soient entrecoupés vers le milieu par des rochers. Monsieur Julien Bouchard, ses deux frères et monsieur Elie Lavoie tiennent feu et lieu sur leurs lots respectifs depuis plusieurs années. Ils paraissent y vivre confortablement.
La rivière à Bas-de-Soie longe les rochers du rang 3; photo prise du pont du rang St-Pierre (crédit photo : Simon-Pierre Guay) |
* L'expression "Bas de Soie" est un surnom que les Canadiens français ont donné aux Irlandais vers les années 1850 désignant leurs jambes laissées nues par leur culotte courte.
C'est cette peau de
jambe au naturel qu'ils avaient, par plaisanterie,
qualifiée de bas de soie et, passant bientôt de la jambe à toute la personne,
en surnommaient les Irlandais, les Bas de Soie.
Sources
Sources
- Description des Cantons arpentés et des territoires explorés de la province de Québec, Québec, Commission géologique du Canada, Québec (Province), Département des terres de la couronne, C.-F. Langlois, Imprimeur de la Reine, 1889 - 955 pages
- Plan des Grandes et Petites Bergeronnes, d'après les mesurages de C.F. Fournier, arp. pro. en novembre 1842 et ensuite ceux du soussigné en 1849 et 1852 / Georges Duberger . - 40 chaînes : 1 po (1 : 31 680) . - 8 novembre 1853 - 1 plan(s) : manuscrit en couleur ; 41 x 32 cm. BAnQ E9,S101,SS20,SSS2,P74