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Rencontre avec Marc-Antoine Labine Labonté

 

propos recueillis et mis en forme par Pierre-Julien Guay


J’ai vécu l’essentiel de ma jeunesse à Granby avec mes deux frères. Comme mes parents souhaitaient nous donner le meilleur départ dans la vie, ma mère est restée à la maison pour s’occuper de nous. Malgré le revenu modeste de mon père, nous fréquentions tous les trois l’école privée.

En sixième année, en me suggérant de faire du théâtre, mon enseignant m’aida à gagner de la confiance en moi ce qui me mena à faire de l’improvisation au secondaire et à développer mes talents. À la même époque, il m’arrive souvent de penser que ne je ne suis pas né à la bonne époque, un sentiment avec lequel j’ai appris à vivre au fil des ans.

Soutenu par une fondation pour les moins nantis, j’ai évolué, entre 13 à 18 ans, dans le soccer d’élite avec les Cosmos de Granby, formation dans laquelle j’ai gravité jusqu’à la catégorie senior 1re division 2A. Ça a été la meilleure école pour me développer en société : même si tes coéquipiers ne sont pas nécessairement tes amis, ils comptent plus que tout pendant la partie. Tu dois les appuyer et les soutenir au maximum.

Rêver de cinéma

Le conseiller d’orientation de mon école secondaire mina sérieusement ma confiance et mon enthousiaste en m’enjoignant d’avoir un plan B plus réaliste que le cinéma. Mon rêve était de faire des films! J’entrai donc étudier en cinéma au cégep en arts et lettres, profil communication.

À ma dernière année d’études, un conflit avec un enseignant m’empêche de compléter mon cours pour obtenir mon diplôme. Je décide alors de faire un grand saut et m’envole à Banff en Alberta pour y apprendre l’anglais. À cet endroit, je découvre comme la nature est importante et nécessaire pour moi. Une rencontre avec une collègue israélienne est déterminante. Michal m’aide à trouver ma place dans ce monde. Comme elle disait: ton chez-toi c’est là où tu es bien pour vivre.

Je lui parle de ma passion pour la musique qui s’est développée quelques années plus tôt, vers mes 13 ans. J’avais surpris mon père à vouloir vendre sa collection de disques vinyle dans une vente de garage. Je m’étais emparé d’un disque des Beach Boys en concert que j’avais écouté et qui m’avait marqué par l’euphorie de la foule. Du coup, je ravivai la flamme de mon père qui conserva sa collection pour devenir lui aussi mélomane. À cette période, je m’étais mis à réaliser des compilations musicales que je proposais à mes amis, mélangeant musique du passé et du présent. Quant à Michal, elle me fit découvrir les Beatles de A à Z; ce fut l’illumination!

De retour au Québec, je reprends mon cours manquant au cégep et m’inscris à un certificat en cinéma à l’université Laval. Je complète par des études en littérature afin d’apprendre à rédiger des scénarios. Pendant mes études, je travaille au cinéma de répertoire Le Clap où je peux regarder jusqu’à six longs métrages par jour. J'y fais quelques conférences pour partager ma passion. Je préfère les versions originales puisque je comprends très bien l’anglais et un peu l’espagnol.

J’apprécie particulièrement le cinéma américain noir, celui des années 30, alors que les producteurs sont soumis au code Hays qui censure les scènes de violence et de sexe. À la place, ces comportements doivent être subtilement suggérés et beaucoup de grands réalisateurs le font avec génie. Par une amie qui étudie en musique, je me découvre un amour pour le blues. Le chant viscéral des esclaves noirs, exprimant leur douleur de vivre, me touche profondément. Peu de gens réalisent que ces chants ont littéralement façonné la musique nord-américaine.

En sortant de l’université, mon objectif devient de travailler sur les plateaux de tournage, mais je n’ai aucune expérience technique. Je déniche finalement un emploi à Télé-Mag, une chaîne locale de Québec, où je touche à tout : montage, aiguillage, caméra et prise de son. Je fais également des contrats pour Gestev comme machiniste, puis chef machiniste sur des événements internationaux. Mon travail consiste à préparer l’aspect technique pour que ces grands événements se déroulent comme prévu.

CHME

Lors de mon travail au cinéma Le Clap, j’ai fait la connaissance de Jessica et, comme les étés sont tranquilles, je travaille au restaurant de sa famille, Le Boisé aux Bergeronnes. En plus d’être ma belle-mère, Christine Lessard devient une amie et une confidente. Ayant des problèmes avec le chômage, je commence à faire du remplacement comme concierge à la polyvalente de Bergeronnes, l’âme en peine.

En janvier 2019, après une période d’essai, on me propose un poste de directeur musical et animateur chez CHME à Essipit. La directrice avait reconnu le mélomane en moi puisque quelques années plus tôt je m’étais présenté à la radio pour accroître ma collection de vinyle. J’ai enfin trouvé ma place!

Dans mon travail, je m’efforce constamment à être le premier à faire découvrir les nouveaux talents du Québec et du Canada, à dépister les espoirs, les futurs succès, peu importe la langue. Je prends grand plaisir à la nouveauté et m’applique à promouvoir la culture musicale, surtout celle de chez nous. 

En compagnie d'Émile Bilodeau, auteur-compositeur-interprète

Depuis mon arrivée à CHME, j’ai reçu 5 mentions dans la catégorie des marchés régionaux de l’ADISQ, ce qui m’a valu un prix comme directeur musical et deux autres comme chroniqueur culturel.

Les Bergeronnes

Les Bergeronnes sont devenues mon chez-moi, là où je suis bien pour vivre. J’apprécie la simplicité des contacts humains; tout le monde se connaît un peu. Le plein air m’aide à rester connecté avec mon moi profond. Mon coin préféré, c’est la chute de la coulée frette dans la bleuetière. Depuis que je suis propriétaire, j’ai développé un intérêt marqué pour le jardinage. C’est ce que j’appelle mon activité zen! Certains amis m’ont fait la remarque: as-tu vraiment besoin d’être plus zen, la Côte-Nord c’est déjà pas mal zen.