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Rencontre avec Alexandre Gaudet

 

propos recueillis et mis en forme par Pierre-Julien Guay

Mes parents se sont établis aux Bergeronnes dans les années 1980 quand ma mère est venue travailler au foyer comme directrice des soins.

Je suis né en 1994 et j’ai grandi dans la nature bergeronnaise en explorant les bois derrière la maison et  en y construisant des cabanes. J’adorais accompagner mon père lorsqu’il allait à la pêche ou à son camp de chasse.

Cuisiner, une vocation

Vers 2007, l’entreprise touristique Mer et Monde ouvre un café internet dans le local autrefois occupé par le centre artistique Art-Mots-Nid. Un des animateurs me demande si je serais intéressé à travailler comme plongeur. Je me vois aussitôt en équipement de plongée guidant les touristes alors qu’il s’agissait plutôt de laver la vaisselle!

J’ai alors 13 ans et côtoie les employés de la cuisine qui ne tardent pas à remarquer mon intérêt et mes idées originales de sorte qu’on me confie la préparation des assiettes de salade. Au troisième été, Mer et Monde ne trouve de cuisinier pour la saison touristique et on me propose le poste. Pour un petit gars d’à peine 16 ans, il y a bien des défis, mais j’ai trouvé ma vocation et je m’inscris plus tard à l’école hôtelière Fierbourg de Québec.

Pendant mon cours de cuisine professionnelle, un premier stage à préparer du manger mou dans un CHSLD me laisse peu enthousiaste, mais je me sens ensuite tout à fait dans mon élément pendant mon passage au Château Frontenac, si bien qu’on me propose un poste. Je suis particulièrement fier d’avoir été sélectionné pour un stage dans un établissement de Paul Bocuse : la Brasserie Le Nord à Lyon en France, une occasion incroyable de développer la maîtrise des grands classiques en cuisine.

Le métier de cuisinier permet de trouver facilement du travail tout en voyageant. En 2012, je m’envole pour un an dans l’Ouest canadien afin d’améliorer mon anglais. Ayant obtenu un emploi de cuisinier à Canmore, près  d’un centre de ski en Alberta, je rentre chercher ma voiture et mes skis aux Bergeronnes et retraverse le pays en 4 jours en roulant 1000 km par jour. Je n’ai encore que 18 ans, mais mon père étant décédé quand j’avais seulement 11 ans, j’ai déjà bien développé mon autonomie.

De retour au Québec, je continue de diversifier mes expériences en travaillant à différents endroits. Puis je reviens en Haute-Côte-Nord à l’emploi de La Galouine à Tadoussac. Mon idée est de travailler pendant l’été et de voyager durant l’hiver.

L’envie du voyage devient plus forte et, deux ans plus tard, j’obtiens un visa de travail en Australie pour un an. Pendant que je suis là-bas, Christine Lessard, qui possède le restaurant Le Boisé aux Bergeronnes, me contacte pour m’offrir de devenir chef et éventuellement me céder son établissement.

Sous son aile, j’apprends comment gérer un restaurant. Après son décès, il est temps de faire le grand saut. Seulement, nous sommes au début 2020, en plein cœur du premier confinement de la covid. Au printemps, j’étais prêt à ouvrir les portes, mais je dois me contenter plutôt d’ouvrir la fenêtre de la cuisine afin de passer des plats à emporter à mes clients! Après ce début de saison plutôt lent, la salle à manger pourra enfin être ouverte en juin.

Marathon et ski de haute route

Pendant mon séjour dans l’Ouest, j’ai pris l’habitude de m’entraîner au marathon avec dénivelé dans les montagnes. Si j’ai participé à plusieurs marathons, je préfère le semi-marathon, soit 21 km que je peux franchir en 1h30.

Pour renouer avec le ski, je me fais engager comme garçon de cuisine à Murdochville en Gaspésie pendant l’hiver en camouflant quelques éléments de mon CV afin d’être sûr d’avoir plein de temps pour skier. Mais, comme j’ai toujours été un mauvais menteur, on ne tarde pas à découvrir mes talents réels et à me nommer chef.

Au cœur des monts Chic-Chocs, je découvre le ski en haute route qui consiste à grimper les montagnes avec des peaux de phoques fixées sous les skis pour descendre dans la poudreuse et les sous-bois. Il faut compter deux bonnes heures d’ascension pour un 15 minutes de descente. Mes deux passions sportives sont réunies : ski et marathon avec dénivelé. Après deux hivers comme chef là-bas, je complète ma formation de secouriste alpin pour devenir guide. Depuis, j’alterne entre cuisine à mon restaurant aux Bergeronnes pendant l’été et ski à Murdochville en hiver.

 

Vivre aux Bergeronnes

J’ai eu l’occasion de découvrir la grande barrière de corail en plongée, de parcourir les Rocheuses et les Alpes, mais on finit par se rendre compte que c’est beau aussi chez nous.

Adolescent, j’adorais me promener en quatre roues dans le secteur de la bleuetière et du Lac à Raymond et aller à la pêche avec mes amis. Aujourd’hui, les montagnes de Petites-Bergeronnes sont mon endroit de prédilection pour la promenade, la chasse à l’original et à la perdrix. Du haut des grands pans rocheux, on a une vue magnifique : la rivière de Petites-Bergeronnes qui serpente dans la vallée, la Pointe Sauvage et le fleuve au loin. On est bien ici et je viens d’y bâtir ma propre maison.