Le lac à la Truite

par Marcel Guay

À bien y penser, c’est vrai que c’est un fameux beau lac. On disait à peu près un mille de long, deux petites îles, dont une était juste en face de notre chalet, bien boisée et l’autre entièrement de roc, avec seulement quelques petits pins, des arbres. Je les dirais presque miraculeux, parce qu'ils ont poussé à travers quelques fissures de rochers alors que l’on n’y trouvait pas de terre du tout. Chose curieuse, en quelques endroits, tout autour du lac, il y avait quelques-uns de ces arbres qui, je suis sûr, n’auraient jamais pris racine, plantés de main humaine.

Suite au transfert d’embarcation dans la passe du lac à la truite, on trouvait un phénomène bien spécial. Il y avait une importante pointe de rocher bien uni. Et, au niveau du lac, une petite grotte qui s’enfonçait assez profondément! Mais seulement l’entrée permettait d’y accéder debout, le toit s’effilait en diminuant.
Alice Guay, Adelard-Paul, Marcel Tremblay, Henri Larouche au chalet du Lac à la Truite
À l'île d’en bas, une courte distance séparait cet endroit de la rive, mais curieusement une pointe de rocher émergeait pour diviser encore cet espace d’à peine un arpent. Un autre phénomène curieux était ce qu’on appelait le banc de sable. Situé presque au milieu du lac et long d’une centaine de pieds par un peu moins en largeur, où l’on pouvait sortir de l’embarcation et marcher alors que l’eau nous arrivait à peine mi-jambes. Mais attention, l’eau devenait subitement très profonde où l’on pouvait pêcher à très grande distance. C’était un endroit magnifique pour y pratiquer l’art du lancer à la mouche.
Naturellement tout le terrain n’était pas de rocher, car le lac était bien entouré de bois. Plutôt jeune de pousse, parce que le territoire avait été pratiquement tout détruit par le feu. Dans les campagnes, autrefois, les habitants, pour activer la cueillette des bleuets, avaient la manie d’y mettre le feu à intervalles plus ou moins rapprochés. Faudrait ajouter que dans notre coin, alors que j’étais jeune, la cueillette des bleuets était une industrie importante. Beaucoup de familles y trouvaient là le moyen d’habiller, chausser et équiper tous les enfants en prévision des classes.
Curiosité
Le 21 mai 1883, l'arpenteur Elzéar Boivin décrivait ainsi les alentours du Lac à la Truite :

En même temps qu'une partie de la rivière à Bas-de-Soie, j'ai aussi relevé le lac Raymond et le lac à la Truite. Le lac Raymond n'est qu'un élargissement de la rivière à Bas-de-Soie. Le terrain est plat du côté nord du lac, et en une certaine étendue inondée à la crue des eaux. L'eau est saine et n'atteint en profondeur que douze à quinze pieds. Le lac à la Truite offre aussi une eau pure et saine. Les contours sont anguleux et bordés de collines. Comme son nom l'indique, le lac regorge de truite. La décharge du lac à la Truite, après avoir passé par une suite de petits étangs, vient se perdre dans le lac Raymond.

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