Noël aux Bergeronnes, souvenirs de Patrick Gauthier (1910–1991)

Tu me demandes de te raconter ce qui se passait dans le temps des Fêtes il y a plusieurs années passées. Il faut remonter cinquante, cinquante-cinq ans pour dire que ce qui se passait un peu chez nous et dans la famille. D'abord le jour de Noël, c'était presque une journée comme les autres, sauf pour la messe de minuit qui était le gros de la fête. Nous demeurions à deux milles de l'église et tous ceux qui étaient capables d'assister à la messe y allaient. Même on partait souvent deux traîneaux pour assister à la messe de minuit. C'était le grand évènement de la fête.

Maintenant, comme tout bon enfant, nous tendions nos bas avant de partir pour la messe de minuit tout près de la cheminée. Dans ce temps-là c'était le petit Jésus qui passait nous porter quelque chose dans nos bas. En revenant de la messe, nous jetions un coup d'œil furtif sur nos bas pour voir s'il y avait quelque chose, mais c'est tout ce que nous pouvions faire puisque la coutume était que c'était seulement le matin au réveil qu'on allait visiter les bas pour voir ce qu'il y avait dedans. Maintenant, que contenaient les bas? Une pomme, un petit paquet de bonbons et un pain aux raisins garni de petits bonbons. Souvent bien le grand frère qui se levait avant nous autres,  pour nous jouer un tour, il nous mettait des patates dans nos bas.

Et puis c'était le déjeuner comme un dimanche ordinaire et puis nous retournions à la messe qui était la messe du jour. Le reste de la journée se passait à peu près comme un dimanche ordinaire parce que c'était surtout dans ce temps-là c'était la fête chrétienne, la fête religieuse plutôt que la fête que nous connaissons aujourd'hui.

Quant à ce qui se passait dans le temps du Jour de l'An, c'était un peu plus actif. Nous nous levions à cinq heures et demie le matin et nous partions pour aller communier avant le déjeuner en famille. Ce qui voulait dire que c'était un voyage assez long et parfois dans les tempêtes qui n'étaient pas toujours agréables, mais qui nous faisaient toujours plaisir aux jeunes surtout qui accompagnaient les plus vieux. Nous nous enroulions dans les peaux de carrioles dans le fond du traîneau et nous arrivions toujours à bon port.

En revenant de la messe, les autres enfants, les frères se groupaient à la maison, venaient à la maison et après la bénédiction paternelle qui était traditionnelle dans le temps, bien c'était le déjeuner et les étrennes. C'était encore un sac de bonbons, une pomme, une orange quand on pouvait s'en procurer dans ce temps-là, – on n’avait pas les facilités d'aujourd'hui – et souvent du sucre à la crème.

Maintenant si je me rappelle bien, ma première étrenne, mon premier jouet que j'ai eus dans ce temps-là, c'était un petit cheval en papier mâché. Sinon c'était une paire de mitaines tricotées par ma mère ou par la grande sœur.

Après près le déjeuner nous retournions à la messe même si nous avions communié avant parce que dans ce temps-là, il y avait toujours une communion ou deux avant la grand-messe, coutume qui est disparue aujourd'hui, mais qui existait dans ce temps-là.

Le midi, nos frères qui étaient mariés allaient visiter le beau-père et la belle-mère et nous autres les jeunes  restions à la maison. Puis la veillée, bien c'était encore à la maison paternelle pour la plupart. Ceux qui étaient en âge de faire leur jeunesse allait veiller avec leur blonde et d'autre part, d'autres familles venaient visiter.

Je me souviens quand j'ai commencé à faire ma jeunesse, que je venais souvent ici dans cette maison qu'on appelait dans ce temps-là chez monsieur Victor, je venais souvent passer le Jour de l'An avec la famille, avec la famille Guay parce que Adrien était plus jeune que moi, Gérard un peu plus vieux, j'étais dans le milieu et nous nous entendions très bien et même je pourrais dire que je faisais un peu partie de la famille et que la maison ici où nous sommes dans le moment c'était un peu mon deuxième chez nous. C'est vrai que Marcel, ton père, Pierre, était plus jeune que nous autres et puis à notre sens nous autres, il nous embarrassait un peu parce qu'il était plus jeune puis on n’avait pas toujours l'opportunité d'agir à notre guise, mais on s'est toujours bien considéré pareil et c'est pourquoi depuis ce temps-là, j'ai toujours gardé pour la famille et pour la maison un attachement particulier. ◊

Pour en savoir plus :  l'histoire de Patrick Gauthier

 

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